De l’information à la représentation : regards croisés soignants-soignés.

Objectifs résumés
 Informer les usagers du service de l’hôpital de jour sur leurs droits concernant :
* l’accès à leur dossier médical, et plus particulièrement sur l’usage du Dossier Médical Partagé (DMP) ainsi que sur les droits les concernant (droit au choix, au masquage, etc.),
* les moyens de garantir la sécurité des soins à travers l’identitovigilance,
 Engager les patients dans une dynamique de coconstruction du soin et de réflexion autour du projet d’établissement.

Le porteur de projet

Coordonnées de la structure :

Clinique Médicale de Ville d’Avray
23 Rue Pradier
Ville d’Avray 92410
Type de structure :
Établissements de santé

Coordonnées du contact :

DISCHAMPS Jérôme
Qualité : Directeur et médecin psychiatre
Téléphone professionnel : 01 47 09 05 81
Courriel professionnel : jdischamps@wanadoo.fr
Courriel fonctionnel (différent du courriel professionnel) : jdischamps@me.com

Contexte

L’origine
Avant le deuxième confinement, le service qualité de notre clinique organisait une réunion d’information à l’occasion de la semaine des droits des usagers. Les nouvelles mesures sanitaires sont venues basculer la possibilité de réaliser cette réunion.
Faisant preuve de résilience, notre équipe s’est articulée d’une façon différente, organisant alors une intervention de la responsable qualité à l’intérieur d’un atelier thérapeutique (“photo et vidéo”) à nombre plus réduit de participants.
Dans un premier temps, la démarche est questionnée par les patients qui, avides de création, questionnent l’intérêt thérapeutique de cette démarche. L’art-thérapeute et la responsable qualité s’articulent au mieux afin de répondre à toutes leurs questions et d’inciter un débat riche et constructif.
Le thème de l’identité, très parlant pour les patients souffrant de troubles psychiques, devient alors un axe porteur et leur permettant de s’exprimer sur la manière dont ils perçoivent le soin reçu.

La finalité
La finalité principale de ce projet est de penser chaque acte réalisé dans notre établissement comme un acte constituant du soin. L’amélioration de la santé mentale est notre but premier et nous nous questionnons donc sur les manières de transformer de simples actes informatifs et/ou réglementaires en un acte participant au processus de réhabilitation. Lors d’une admission, une secrétaire médicale qui présente à un usager ses droits de manière très bienveillante, en le prenant en compte intégralement comme individu, concitoyen et usager, peut rendre cet acte de promotion des droits en un réel acte de valorisation, de reconstruction de l’estime du patient qui se sent alors écouté et respecté.

Par conséquent, nous parlons du droit à la dignité du patient.

A titre d’illustration, une patiente témoigne d’un changement de posture perçu, face à un médecin orthopédiste lorsque cette dernière évoque son traitement antipsychotique.

La description du projet
Ce projet est destiné aux patients de l’hôpital de jour bien qu’il puisse être transposable dans n’importe quel établissement de santé. Les usagers cibles sont les patients, hospitalisés ou pris en charge en ambulatoire, mais également, dans une moindre mesure, les services qualité et les services de soins. En effet, ce projet est venu démontrer, illustrer que la collaboration entre la qualité (service administratif) et le soin a contribué à l”empowerment” des patients : terme qui, bien souvent, reste “lettre morte” dans les articles de démocratie sanitaire.

Le détail sur les droits présentés aux usagers et leurs réflexions autour du thème peuvent être retrouvés en pièce jointe !

Les acteurs
Léa BAFOIL, responsable qualité et communication
André VIANA, art-thérapeute (CV http://andre.set7.fr/)
3 stagiaires dramathérapie, stagiaire psychologie, stagiaires dansethérapie.
Association SET 7, axe “accès et amélioration des soins”
Mme Bafoil et M. Viana sont à l’initiative de ce projet : transformer la réunion d’information en un acte créatif. Après la résistance initiale des patients, un engagement réel s’est mis en place et devint un vrai processus thérapeutique, questionnant l’identité, l’enfance, les maltraitances et harcèlements subis et le droit à la dignité, au respect et à l’écoute.

Finalement, les usagers sont devenus coconstructeurs et codécideurs du projet. L’envie de continuité est apparue et nous avançons désormais sur la production d’un film mélangeant les codes du documentaire et du reportage.

Les axes prioritaires :

  • Sensibiliser les professionnels de santé au moyen d’actions de formation aux droits des usagers, intégrant ces derniers à la formation et à l’évaluation
  • Accompagner les évolutions du système de santé, qu’elles soient organisationnelles ou liées aux innovations (bio) technologiques dans le respect des droits des usagers et de l’éthique (numérique en santé, télémédecine, centres, maisons, réseaux, communautés professionnelles territoriales de santé, soins de santé transfrontaliers, chirurgie ambulatoire, prises en charge à domicile etc.) et par la mobilisation des outils de démocratie participative favorisant l’information et le débat citoyen.
  • Axe 8 : Autre
  • L’effectivité des droits des usagers dans le contexte de la COVID-19

La réalisation

La mise en œuvre
Plusieurs objets créatifs ont été fabriqués (détail en pièce jointe).

Tous ces objets et le texte de la scène ont abouti à un film, engageant plusieurs usagers, soignants et stagiaires. Le film revêt une esthétique d’absurdité choisie, avec la répétition de la routine et de l’excentricité de cet entretien médical décalé. Le choix de filmer les mêmes scènes mais de différents points de vue et, parfois même, de garder les autres caméras dans le champ de vision a été voulu afin de rappeler l’importance du point de vue : celui d’une équipe travaillant en milieu de soin, doit être, sans aucun doute, bienveillante.

Nouvelle partie 2021 : Ce film sur l’idée du “un droit, un patient, un soignant” opposera autour de la table de ping-pong, lieu affectif de la clinique, un patient et un soignant, pour débattre un droit qui leur parle à tous les deux.
Léa et André seront les arbitres de ce match où l’on ne cherche pas à gagner, mais à créer de l’action pour mieux coconstruire le soin.

Projet initié en :
2020

Projet mis en œuvre en :
2020

Comment et combien ?
Nous avons dû faire preuve de résilience face à la crise sanitaire, nous adapter à toutes les contraintes et transformer la réunion d’information. Nous avons fait appel d’abord à l’inventivité de nos employés et puis à la collaboration de l’association SET7, un partenaire du service de l’HDJ proposant des actions transversales pour l’amélioration des soins.
Moyens humains mobilisés par l’établissement de santé :
heures de travail (qualité, art-thérapeute, stagiaires)
appel à la collaboration de l’association SET 7 engagée dans le droit des usagers et collaboratrice du parcours de soin des patients de l’HDJ
Moyens humains mobilisés par l’association partenaire :
Temps de préparation du storyboard ;
Moyens matériels mobilisés par l’établissement de santé :
Cartolines, fils, encre, crayons-à-cire, mise-à-disposition des lieux de tournage, dépliants informatifs
Autres moyens de participation de l’association :
Montage vidéo ;
Mise à disposition de deux caméras vidéo ;
Évaluation.

La communication
Ce projet fera l’objet d’une communication écrite dans le journal interne de la Clinique intitulé “Le Trait d’Union” ainsi que sur Intranet. Avec l’accord des patients, le film pourra être diffusé aux patients hospitalisés et aux membres du personnel.
L’association partenaire mettra au point, à la fin du processus, une vidéo illustrant l’action par le biais d’entretiens auprès des stagiaires et de l’équipe de l’établissement.

Et après

Les résultats
Le projet offre l’avantage d’être facilement déployable dans chaque établissement, et ce, avec un coût très faible. La plus-value de ce projet est de rendre effectif les droits des patients, trop souvent noyés parmi bon nombre de documents remis à l’arrivée du patient.
Cette démarche permet également la collaboration entre le service qualité (ou administratif) et le service de soins. Initialement à visée informative, les ateliers de sensibilisation sont les prémices de la dimension thérapeutique qui s’ensuit.
Plusieurs outils ont été créés par l’art-thérapeute permettant une généralisation et une appropriation aisée du projet. Une infographie a été réalisée mettant en avant les étapes de la démarche. Destinée aux professionnels exerçant dans les structures de santé ou médico-sociales, elle décrit chaque étape du processus pour en faciliter la réalisation.
En outre, afin de mener à bien l’atelier et de poser le cadre lors des débats, des fiches d’animation de théâtre seront réalisées

Evaluation et suivi
Étant donné l’envie d’élargissement du projet, nous commencerons une évaluation quantitative et qualitative plus conséquente, accompagnée au fur et à mesure de l’évolution de la nouvelle partie du film, que l’on commence à tourner cette semaine.
Nous avons déjà recueilli de nombreux témoignages.
Quiz sur le droit des patients avant et après la continuité de l’action. Évaluer l’impact de l’action sur la connaissance des droits. Quiz avant et après la difusion.
Réalisation, tout au long de l’action, d’évaluations et d’auto-évaluations de la perception de l’estime de soi. Périodicité : 15 jours. Par exemple, sur l’échelle de Rosenberg, l’affirmation "Je pense que je suis une personne de valeur, au moins égale à n’importe qui d’autre"pourrait venir quantifier l’évolution du sentiment positif qui engendre une action de promotion des droits, permettant à l’usager d’expérimenter davantage l’appartenance au groupe social, se sentir respecté et valorisé.
Autres échelles.

Quelques conseils et témoignages
Pensez à votre structure de soin comme un corps vivant. Tous les organes doivent collaborer afin que le corps soit en bonne santé. La qualité du soin passe par l’articulation de tous les services, de la maintenance, en passant par la cuisine, jusqu’à l’entretien d’accueil et à l’entretien médical. Collaborez et articulez vos actions. Art, du latin ars, veut dire articuler. Articuler, c’est tout un art !
Ne pas paralyser devant les crises. Lorsqu’une action ne peut pas être réalisée comme il était prévu, l’équipe doit essayer de façon résiliente et créative d’en créer de solutions.
Utilisez des techniques expressives de débat et démocratie participative et le dialogue civil dans vos actions. Notre art-thérapeute, formé dans la lignée de Paulo Freire (pédagogie de l’opprimée) et d’Augusto Boal (théâtre de l’opprimé, théâtre-forum, théâtre-législatif) a utilisé ces techniques pour transformer l’information reçue en débat créatif et création qui fait débat !